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Jean-Jacques LEQUEU Rouen, 1757 - Paris, 1826 "L'armoire à robes" Plume et encre noire, lavis gris, sur une feuille octogonale agrandie dans les angles sur le montage Signée et datée 'Jn Jque le Queu Archit. inv. et delin 1784' en bas à droite et dans le cartouche, titrée 'L'armoire à Robes' dans le cartouche en partie inférieure Doublé sur une gravure "Vue intérieure de la nouvelle Eglise de Sainte Geneviève" sur laquelle l'artiste a apposé un monogramme 'JL/Q' à la plume et encre brune (Pliures) "L'armoire à robes" (The Wardrobe), pen and black ink, grey wash, signed and dated, by J. J. Lequeu 23,50 x 35 cm (9,25 x 13,78 in.) Commentaire : Originaire de Rouen, Lequeu y commence sa carrière de " gratteur " dans les agences d'architectes, après avoir remporté de nombreux prix à l'Ecole de dessin de Rouen fondée par le peintre Jean-Baptiste Descamps. Il s'installe à Paris en 1779 et travaille chez Soufflot tout en suivant les cours de l'Académie royale d'architecture. La mort de Soufflot en 1780 l'éloigne de la voie royale, et il paraît végéter en s'employant à droite à gauche dans les ateliers de travaux publics1. Ambitieux et rêveur, Lequeu développe dès lors des chimères extraordinaires et monstrueuses. En 1786, il habite passage du Grand Cerf, dans le quartier des théâtres de boulevard. Il s'intéresse au spectacle, qui constitue un excellent dérivatif pour son énergie créatrice. Son inventaire après-décès signale d'ailleurs plusieurs manuscrits de pièces qu'il aurait écrites. Dans la veine libertine si prisée de la fin du XVIIIe siècle, il produit quelques dessins de scènes galantes qu'il doit écouler sous le manteau, comme cette " Armoire à robes ". Une femme nue refait tranquillement son lit au moment ou une autre femme, sa logeuse ou sa mère, ouvre la porte de la chambre avec une clé ; le plancher de l'armoire où son amant s'était caché cède, et son bras traverse la cloison en se rattrapant. Lequeu se délecte de ce genre de comique de situation, comme dans une autre scène conservée à la Bibliothèque Nationale, " La ruse découverte " (1789) ('Recueil des figures lascives et obscènes'). Dans le " Lit brisé " (1779, même Recueil), on reconnaît le même modèle avec son bonnet de nuit, et le lit avec son ciel. Les dessins érotiques de Lequeu, longtemps enfouis au fond de l'Enfer de la Bibliothèque Nationale, font aujourd'hui frissonner les amateurs les plus avertis. 1. Pour de plus amples renseignements, voir cat. exp. 'Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes', Paris, Petit-Palais, 2019.

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