RENÉ-ANTOINE HOUASSE PARIS, 1645- 1710 
Prométhée

Huile sur toile 

66 x 85 cm
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Description

RENÉ-ANTOINE HOUASSE PARIS, 1645- 1710

Prométhée Huile sur toile 66 x 85 cm PROVENANCE Très certainement le tableau de René-Antoine Houasse inventorié dans son atelier au moment de sa mort : «item, un autre tableau cintré représentant Prométhée peint par le dit sieur Houasse prisé quatre-vingt livres ci...80 lt» (l'expertise des tableaux du fonds d'atelier de Houasse fut confiée au peintre-marchand Charles-Antoine Hérault (1644 - 1718) ; Paris, Archives nationales, minutier central, LXXII, 195, 26 août 1710) (Matthieu Lett, René-Antoine Houasse, Peindre pour Louis XIV, Paris, 2020, p. 285). Dans le tableau que nous présentons, l'attention au buon disegno et le caractère secondaire accordé au coloris trahissent l'oeuvre d'un élève issu de l'atelier de Charles Le Brun. Cette relation se trouve accusée par l'apparence de Prométhée, semblable à l'un de ces soldats terrassés des fameuses Batailles d'Alexandre. La mise en évidence de l'aigle, motif central de La Bataille d'Arbelles, va exactement dans le même sens. On sait que les élèves de Charles Le Brun (1619 - 1690) furent nombreux mais le soin accordé au cadre spatial ne peut désigner qu'un seul nom : René-Antoine Houasse. Telle qu'elle a été peinte sur la droite, la vieille souche d'arbre oblique évoque fortement la configuration des arbres des Paysages commandés à Houasse pour l'appartement des Bains du Château de Versailles, en 1675 (voir Fig. 1, pour l'un d'eux). Car si René-Antoine Houasse était d'abord et avant tout peintre d'histoire, ses talents comme paysagiste étaient suffisamment reconnus pour qu'il ait reçu commande de paysages purs, et tel est précisément ce que notre tableau laisse pressentir. Autre aspect fondamental, René-Antoine Houasse apparaît comme l'unique artiste de son temps à avoir transcrit sous forme picturale une de ses «académies» pour en faire un sujet d'histoire. L'Étude de figure agenouillée (datée 1689, Paris, École Nationale Supérieure de Beaux-arts, Fig. 3), habilement transformée en une illustration du mythe de Narcisse (l'un des tableaux qui lui fut commandé pour le Trianon ; Fig. 2), le montre bien. Ce genre «d'académies peintes» anticipait une pratique qui allait être mise en oeuvre presque un siècle plus tard, comme en témoignent les peintures de Jean-Simon Berthélemy (1743 - 1811), Jacques-Louis David (1748 - 1825) ou encore Jean-Germain Drouais (1763 - 1788). En dépeignant à plus grande échelle une seule «académie» et en ajoutant tels ou tels accessoires, ceux-ci l'avaient transformée en un sujet d'histoire. À l'évidence, il nous faut imaginer que René-Antoine Houasse avait réalisé au préalable une de ces «académies» montrant une figure allongée, le bras recourbé au-dessus de la tête (un peu comme la pose de l'Ariane endormie, célèbre antique). On peut s'interroger sur la date d'exécution du Prométhée. Si le sujet évoque l'idée d'effroi, exactement comme dans le Tombeau violé par un soldat (perdu mais connu par la gravure annoncée en 1686, le tableau nous est connu par la copie de l'Ashmolean Museum d'Oxford), la date d'exécution du Prométhée nous semble nettement plus tardive. On est en effet frappé par l'exclusion de toute couleur saturée (contrairement au Narcisse, qui date de 1688 ; Fig. 2), le tableau procédant d'une déclinaison d'ocres bruns et de blancs dont ne se démarquent véritablement que les nuances bleues des cieux et du mont lointain. Il en résulte un effet crépusculaire qui répond sans doute mieux que jamais, chez Houasse, au contenu dramatique de l'histoire. Aussi verrions-nous volontiers une oeuvre se plaçant au cours des années 1700, soit peu avant la mort du peintre. Notons que le sujet de Prométhée était extrêmement rare dans la peinture française mais que c'est justement entre 1702 et 1703 qu'il apparaît à trois reprises : dans le morceau de réception de Louis de Silvestre (Montpellier, Musée Fabre), dans celui de Nicolas Bertin (Louvre) et dans une gravure de Charles-François Silvestre (pour laquelle existent deux dessins préparatoires au Louvre). Dans ce contexte d'émulation, René-Antoine Houasse pourrait bien avoir cherché à créer sa propre vision de l'histoire. Dernier argument en faveur de l'attribution du tableau à Houasse, la mention d'une peinture de l'artiste représentant Prométhée, au sein de l'inventaire de ses biens, en 1710. L'estimation de 80 livres, soit l'une des plus élevées parmi les oeuvres autographes à sujet mythologique, tend aussi à démontrer toute l'importance de ce tableau. Nous remercions François Marandet pour son aide dans l'attribution et la rédaction de cette notice.

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RENÉ-ANTOINE HOUASSE PARIS, 1645- 1710

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