Null Louis de CHATILLON (Sainte-Menehould - Marne 1639-1734), peintre émailleur …
Description

Louis de CHATILLON (Sainte-Menehould - Marne 1639-1734), peintre émailleur et miniaturiste, dessinateur et graveur, élève de Le Brun, il se spécialisa dans la peinture sur émail et devint peintre du Roy ; installé à la galerie du Louvre, il était chargé d'exécuter tous les portraits du roi qui, enrichis de pierreries, étaient offerts aux ambassadeurs. Dessinateur de l'Académie des sciences, il fut chargé d'exécuter, en collaboration avec Abraham Bosse et Nicolas Robert, l'illustration du Recueil des Plantes (3 vol. in-folio), travail monumental qui ne fut jamais achevé. 40 L.A.S. à M. de Besser « maître des cérémonies, introducteur des ambassadeurs à la Cour du Roy de Prusse, à Berlin », accompagnées de 18 mémoires manuscrits ou brouillons de réponse. Paris, 1710-1717. Au total 169 pp. in-4, très remplies d'une dense écriture. Découpe à une lettre. Quelques adresses au dos. Très longue et exceptionnelle correspondance en grande partie consacrée à la constitution d'une importante bibliothèque pour le roi de Prusse, avec listes détaillées des ouvrages et leur prix. Extrait de la première lettre : « Ce que Mr d'Allençon m'a mandé que vous avez eu la bonté descouter favorablement le projet que j'ay formé de faire pour la famille Royalle de Prusse ce qui a esté fait pour celle de l'Empereur m'oblige de vous en faire mille très humbles remerciements et de vous supplier de vouloir bien me continuer vostre protection. Je croy, monsieur, que mon parent aura eu l'avantage de vous dire que m'ayant esté proposé il y a quelques années de peindre en émail les portraits de l'empereur et de sa famille pour un présent qu'on vouloit lui fayre, je ne peus par plusieurs considérations en accepter la proposition []. Comme je say mieux qu'un autre le penchant que S.M. Prusienne a pour les belles choses, et pour la magnifiscence il m'est venu en pensée à l'exemple de ce qui a esté fait pour la Cour impérialle, de peindre en émail le Roy de Prusse et de Royalle famille, afin d'en faire un monument dont la durée seroit pour ainsy dire sans fin, le zèle que j'ay pour son service me fait oser luy offrir ce que je n'ay peu faire dans un autre temps [] ». Passionnants échanges sur la constitution d'une riche bibliothèque auprès de « revendeurs de livres » et de ventes aux enchères. « J'ay aussi l'honneur de vous annoncer que je crois estre assez heureux d'avoir achepté vos livres avant que la vente de ceux de M. Bultheau ayt (comme elle a fait augmenter le gou et le prix extrême où ils sont présentement). Exemple il a esté vendu un petit in-8 Dialogue dentre le maheutre et le manan 8#, lequel m'a cousté autrefois comme le Baron de Féneste trente à quarante sols. L'ordo Requm et le Traité des guerres civilles sous le règne de Louis douze ne sont point connus icy des revendeurs de livres, ni mesme aux Bibliothèques du Collège des quatre nations et de St Victor []. Les Vigiles de Charles sept de Mr Bultheau ont esté vendus, j'ay osé les pousser jusques au prix de 16#10s. quoy qu'asseurément ce livre ne vaille pas le quart, tant à cause de son mauvais estat que parce qu'il y manque une feuille que d'ailleurs il est de l'impression de Geslier, qu'il n'a que peu de planches et très mauvaises. Celuy que j'ay en vüe est de l'impression de J. Dupré 1493 lequel est ornez d'environ quarante planches assez bonnes : ces Vigiles sont de neuf pseaumes et 9 leçons en vers contenant la Chronique et les faits de Charles septiesme : oultre que je croy en avoir offert beaucoup plus qu'ils ne vaillent, je say qu'un libraire s'estoit proposé à les passer au dessus de cinquante livres [] ». Tous ces nombreux commentaires sont accompagnés de listes très fournies d'ouvrages avec prix d'achat Il constitue également un cabinet d'estampes, évoque ses propres travaux, son travail de peintre sur émail. « J'ay mis aussy quinze feuilles d'estampes de la Galerie du Luxembourg [oeuvres de Rubens qu'il grava en 1710] qui vous manquait []. Je les ay choisies entre les plus belles espreuves ; comme les deux premières sont de moy, vous voullez bien, Monsieur, que je vous supplie de les accepter [] ». « Ordinairement chaque jour je cesse de peindre en émail sur les trois heures après-midi, comme c'est un ouvrage pénible j'ay besoin de le quitter un temps chaque jour [] ». Très nombreux détails sur les cérémonies à la Cour de France, les événements du temps, ses contemporains. « []. Ce magistrat homme de belles lettres rendit avant hier visitte à M. de Fontenelle, comme il veut que j'aye l'honneur de l'accompagner, je fus tesmoing que dans le nombre des sçavants dont il fut parlé, monsieur de Bosse y fut marqué, selon mon coeur. Monseigneur le Régent a chargé M. de Fontenelle, son pensionnaire, car il le loge en son palais, mesme au dessus de son appartement, de faire sçavoir et dire à Mrs de l'Académie des sciences qu'il se souvenoit de ses premiers amours et qu'il leur promettoit sa protection et ses bonnes volontés. Monseigneur le Duc Dantin a ét

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Louis de CHATILLON (Sainte-Menehould - Marne 1639-1734), peintre émailleur et miniaturiste, dessinateur et graveur, élève de Le Brun, il se spécialisa dans la peinture sur émail et devint peintre du Roy ; installé à la galerie du Louvre, il était chargé d'exécuter tous les portraits du roi qui, enrichis de pierreries, étaient offerts aux ambassadeurs. Dessinateur de l'Académie des sciences, il fut chargé d'exécuter, en collaboration avec Abraham Bosse et Nicolas Robert, l'illustration du Recueil des Plantes (3 vol. in-folio), travail monumental qui ne fut jamais achevé. 40 L.A.S. à M. de Besser « maître des cérémonies, introducteur des ambassadeurs à la Cour du Roy de Prusse, à Berlin », accompagnées de 18 mémoires manuscrits ou brouillons de réponse. Paris, 1710-1717. Au total 169 pp. in-4, très remplies d'une dense écriture. Découpe à une lettre. Quelques adresses au dos. Très longue et exceptionnelle correspondance en grande partie consacrée à la constitution d'une importante bibliothèque pour le roi de Prusse, avec listes détaillées des ouvrages et leur prix. Extrait de la première lettre : « Ce que Mr d'Allençon m'a mandé que vous avez eu la bonté descouter favorablement le projet que j'ay formé de faire pour la famille Royalle de Prusse ce qui a esté fait pour celle de l'Empereur m'oblige de vous en faire mille très humbles remerciements et de vous supplier de vouloir bien me continuer vostre protection. Je croy, monsieur, que mon parent aura eu l'avantage de vous dire que m'ayant esté proposé il y a quelques années de peindre en émail les portraits de l'empereur et de sa famille pour un présent qu'on vouloit lui fayre, je ne peus par plusieurs considérations en accepter la proposition []. Comme je say mieux qu'un autre le penchant que S.M. Prusienne a pour les belles choses, et pour la magnifiscence il m'est venu en pensée à l'exemple de ce qui a esté fait pour la Cour impérialle, de peindre en émail le Roy de Prusse et de Royalle famille, afin d'en faire un monument dont la durée seroit pour ainsy dire sans fin, le zèle que j'ay pour son service me fait oser luy offrir ce que je n'ay peu faire dans un autre temps [] ». Passionnants échanges sur la constitution d'une riche bibliothèque auprès de « revendeurs de livres » et de ventes aux enchères. « J'ay aussi l'honneur de vous annoncer que je crois estre assez heureux d'avoir achepté vos livres avant que la vente de ceux de M. Bultheau ayt (comme elle a fait augmenter le gou et le prix extrême où ils sont présentement). Exemple il a esté vendu un petit in-8 Dialogue dentre le maheutre et le manan 8#, lequel m'a cousté autrefois comme le Baron de Féneste trente à quarante sols. L'ordo Requm et le Traité des guerres civilles sous le règne de Louis douze ne sont point connus icy des revendeurs de livres, ni mesme aux Bibliothèques du Collège des quatre nations et de St Victor []. Les Vigiles de Charles sept de Mr Bultheau ont esté vendus, j'ay osé les pousser jusques au prix de 16#10s. quoy qu'asseurément ce livre ne vaille pas le quart, tant à cause de son mauvais estat que parce qu'il y manque une feuille que d'ailleurs il est de l'impression de Geslier, qu'il n'a que peu de planches et très mauvaises. Celuy que j'ay en vüe est de l'impression de J. Dupré 1493 lequel est ornez d'environ quarante planches assez bonnes : ces Vigiles sont de neuf pseaumes et 9 leçons en vers contenant la Chronique et les faits de Charles septiesme : oultre que je croy en avoir offert beaucoup plus qu'ils ne vaillent, je say qu'un libraire s'estoit proposé à les passer au dessus de cinquante livres [] ». Tous ces nombreux commentaires sont accompagnés de listes très fournies d'ouvrages avec prix d'achat Il constitue également un cabinet d'estampes, évoque ses propres travaux, son travail de peintre sur émail. « J'ay mis aussy quinze feuilles d'estampes de la Galerie du Luxembourg [oeuvres de Rubens qu'il grava en 1710] qui vous manquait []. Je les ay choisies entre les plus belles espreuves ; comme les deux premières sont de moy, vous voullez bien, Monsieur, que je vous supplie de les accepter [] ». « Ordinairement chaque jour je cesse de peindre en émail sur les trois heures après-midi, comme c'est un ouvrage pénible j'ay besoin de le quitter un temps chaque jour [] ». Très nombreux détails sur les cérémonies à la Cour de France, les événements du temps, ses contemporains. « []. Ce magistrat homme de belles lettres rendit avant hier visitte à M. de Fontenelle, comme il veut que j'aye l'honneur de l'accompagner, je fus tesmoing que dans le nombre des sçavants dont il fut parlé, monsieur de Bosse y fut marqué, selon mon coeur. Monseigneur le Régent a chargé M. de Fontenelle, son pensionnaire, car il le loge en son palais, mesme au dessus de son appartement, de faire sçavoir et dire à Mrs de l'Académie des sciences qu'il se souvenoit de ses premiers amours et qu'il leur promettoit sa protection et ses bonnes volontés. Monseigneur le Duc Dantin a ét

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