[BRUNET (Jean)] Supplément du volume des Journaux de médecine de l'année 1686. O…
Description

[BRUNET (Jean)]

Supplément du volume des Journaux de médecine de l'année 1686. Ou Nouvelles conjectures sur les Organes des sens, où l'on propose un Nouveau Sistême d'optique, avec une théorie particulière du mouvement. Paris, Daniel Horthemels, 1687. In-12, veau brun, dos orné, tranches mouchetées de rouge (Reliure de l'époque). Rarissime mémoire de métaphysique, dû à un obscur écrivain, membre supposé de la secte parisienne des Égoïstes. Orné de 3 planches gravées sur cuivre, dont 2 réunies sur une même feuille en fin de volume. L'auteur, un certain Jean Brunet (et non Claude comme on l'a parfois lu), médecin de son état, y expose pour la première fois ses idées philosophiques sur l'esprit comme lieu à la fois de la conscience et des idées de l'entendement et de l'imagination. Ici déjà, un quart de siècle avant Berkeley et un siècle avant les philosophes idéalistes allemands, Brunet, tout en enseignant les principes de l'idéalisme moderne avec une netteté parfaite, se rapproche en même temps du solipsisme. [...] Brunet est allé plus loin que Berkeley ; et non seulement dans la voie du solipsisme, mais dans celle de l'idéalisme aussi. Car, en proclamant avec vigueur l'autonomie de la pensée, la puissance créatrice du moi, en essayant de déduire du connaissant le connaissable, il se rapproche bien plus d'un Fichte que de l'évêque de Cloyne [Berkeley] (Lewis Robinson, «Un solipsiste au XVIIIe siècle» in L'Année philosophique, 1913, pp. 15-30). L'ouvrage constitue un supplément au Journal de médecine, éphémère revue dirigée par Brunet et publiée d'avril à octobre 1686 (en fait il s'agit de la quatrième et dernière livraison, parue en avril ou mai 1687 et réunissant les textes des mois d'août, septembre et octobre 1686 ; voir Sgard, n°671, en ligne). Il comprend un article étonnant, intitulé Théorie particulière du mouvement, où l'on peut lire : En considérant qu'aucune chose ne peut se quitter et sortir d'elle-même, l'on reconnaît assez que notre esprit n'imagine rien des substances qui diffèrent de lui, si elles ne lui sont inspiritualisées. [...] il a fallu un Être souverain pour ordonnateur et pour moteur des créatures, qui composent le monde dont nous nous sentons partie. [...] chacun doit chercher dans son fond la raison et la cause des apparences du monde imaginaire où il préside seul. Sur Brunet lire aussi Sébastien Charles, «Du «Je pense, je suis» au «Je pense, seul je suis» : crise du cartésianisme et revers des Lumières» in Revue philosophique de Louvain, 2004, 102-4, pp. 565-582. Exemplaire comportant quelques corrections manuscrites en fin de volume. Mouillure marginale et angulaire à quelques feuillets.

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