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Ecole flamande probablement vers 1600 Portrait de femme à la coiffe rouge Huile sur panneau de chêne, doublé et parqueté Sans cadre Portrait of a woman with a red headdress, oil on panel, Flemish School, probably ca. 1600 31 x 21 cm (12,20 x 8,27 in.) Commentaire : Le mystère règne autour de cette jeune femme. Son regard est franc mais simple, transperçant mais non intrusif. Une infinie douceur se dégage de ce portrait et s'empare du spectateur. Si les origines précises de ce tableau nous échappent, plusieurs indices techniques nous poussent à situer sa réalisation entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Les canons esthétiques révélés sur ce tableau le réduisent, en conséquence, à une production largement anachronique du point de vue du style. Parmi les hypothèses soulevées par ce panneau, celle de la réplique tardive d'un tableau perdu tient la corde. En effet, notre modèle reprend l'habit et la coiffe du célèbre tableau du Louvre de Quentin Metsys 'Le prêteur et sa femme' (fig. 1). Or, l'historien Erwin Panofsky, grand spécialiste de la peinture flamande des XVe et XVIe siècles, développa la thèse selon laquelle Metsys réalisa son chef-d'œuvre en s'inspirant d'un tableau perdu de Jan van Eyck. Ses recherches l'invitent à penser que l'œuvre de Metsys ne serait qu'une sorte de reconstitution de ce tableau perdu. Pour appuyer sa thèse, il évoque notamment le caractère archaïque des costumes des personnages et plus particulièrement celui de la femme. Notre tableau s'avère proposer une reprise de la tenue et de la coiffe de la femme du tableau de Metsys, en plus de lui emprunter ses traits. Ne pouvons-nous donc pas penser que notre petit panneau serait alors une reprise d'un tableau perdu de Jan van Eyck, ou de l'un des artistes de son entourage ? Les éléments iconographiques ne nous l'interdisent pas, et nous laissent ainsi dans le confort ambigu de l'incertitude et du mystère. Finalement, ce panneau constitue avant toute chose une image saisissante, particulièrement séduisante, que ce mystère lattant vient renforcer. Les transparences du voile blanc tombant délicatement sur les épaules, les nuances de rouge de la coiffe, les jeux d'ombres et de lumière dans les cassures presque gothiques des manches témoignent de l'agilité et du métier de l'artiste qui réalisa ce portrait, qui même entouré d'un profond mystère, n'en reste pas moins un merveilleux tableau.

paris, France