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Charles François Prosper Guérin (1875-1939), Femme en rose, 1903, huile sur panneau, signée, 28x18,5 cmProvenance:  André Gide  (acheté en avril 1904 au Salon des Indépendants pour Fr. 250.-), puis collection Catherine Gide. Trace de l'étiquette de la Galerie DruetÉlève de Gustave Moreau, proche des milieux impressionnistes, puis néo-impressionistes, Charles Guérin devient professeur à l'Académie de la Grande Chaumière. Il faisait partie d'un groupe d'amis comme Charles-Louis Philippe, Jules Iehl, Charles Chanvin, qui se retrouvaient à la Closerie des Lilas, et que Gide et son ami Ghéon rejoignaient volontiers. En novembre 1899, la revue L'Ermitage, qu'anime André Gide, publie en hors-texte « la jeune fille au grand chapeau ».Le 15 janvier 1901, Gide note : « Chez Guérin. Difficulté extrême de conversation , mais je suis extrêmement intéressé par sa peinture. » et sans doute à la suite de cette visite, il lui achète deux « Nature morte ».  En 1902 Gide achète « Almaïde d'Ellébeuse », Guérin étant  visiblement attiré par l''uvre de Francis Jammes (auteur de deux récits, Clara d'Ellébeuse et Almaïde d'Etremont). En octobre 1904, Gide transmet à Jammes cette requête :« Charles Guérin (le peintre) pour qui ma sympathie et mon estime croissent depuis que je le connais, me fait part de son très vif désir d'illustrer tes trois petits romans, réunis en un seul volume. Il me demande ce que je pense du projet, et comme j'en pense le plus grand bien, j'ai eu plaisir à le lui dire. ['] Depuis longtemps déjà j'imaginais Clara, Almaïde interprétées par Guérin qui les aime et les comprend de naissance , s'il n'y était venu de lui-même, je crois bien que j'aurais pris sur moi de l'y pousser. » Mais le projet n'aura pas de suite, par manque d'éditeur.Gide achète encore deux toiles, « Les deux femmes au chien » en 1903 (lot 4098) et ce présent tableau « Femme en rose » en 1904. Puis en 1905 « L'artiste » (Lot 4094) et une « Nature morte » de 1901 représentant une « flûte en bois » (lot 4095).Le 7 octobre 1907, Gide écrit : « Bravo mon cher Guérin.  Traversant Paris avant-hier pour le mariage de Jammes, j'ai vu, j'ai admiré votre femme nue.  Je vous aurais écrit dans quelques jours, une fois redevenu citadin, pour vous demander un rendez-vous.  Mais votre exposition m'a fait tant de plaisir que je n'attends pas plus longtemps pour vous le dire.  Vous êtes bien celui que je croyais, et je suis bien affectueusement vôtre, A.G. » (cette « Femme nue au chapeau » est au musée de L'Ermitage.)

geneve, Suisse