Attribué à NICOLAS PINEAU (Paris, 1684-1754) 
CONSOLE AUX TRITONS AILÉS Paris, v…
Description

Attribué à NICOLAS PINEAU (Paris, 1684-1754)

CONSOLE AUX TRITONS AILÉS Paris, vers 1710-1720 Chêne sculpté et redoré, marbre brèche noir de Troubat dit «portor des Pyrénées» Restaurations d'usage et d'entretien H. 78 cm, L. 142 cm, P. 65 cm Provenance Vente à Clermont-Ferrand, 6 juin 1988 Vente à Gien, 25 novembre 1996 Collection privée, Paris Cette console au décor bien lisible est couronnée d'un plateau de marbre en brèche noir de Troubat (Haute-Garonne). Elle est ornée d'un cartouche central à mascaron féminin et de deux pieds en termes masculins ailés. Le plateau à gorge repose sur une ceinture réticulée tripartite, aux côtés convexes et à la face enrichie d'un décor fleuri. Le devant est timbré d'un mascaron sur un motif de volutes à enroulements feuillagés qui s'épanouissent symétriquement de part et d'autre du cartouche. Ce visage féminin central, coiffé d'un diadème à l'antique, a de jolis yeux en amande. Le piétement de la console est composé de deux pieds en courbe et contre-courbe, terminés par des sabots et reliés entre eux par une entretoise en S à la noix centrale ornée d'une coquille. La noix octogonale forme un plateau octogonal destiné à recevoir une pièce de porcelaine, suivant l'usage au XVIIe et au XVIIIe siècle. L'originalité de la sculpture permet de mieux cerner le contexte de création de notre console, dans un style rocaille naissant. La partie supérieure des pieds est en effet décorée de curieux termes ailés qui supportent la ceinture de la console et qui, dans un mouvement réciproque, semblent coiffés des aigrettes garnissant les angles de la table. Ces figures hybrides, à la chevelure abondante et au torse nu, sont dotés d'ailes de dragons et d'écailles au bas du ventre. Les premiers modèles de table à piétement orné de figures ailées en termes remontent au milieu du XVIIe siècle. Les dessins de Jean I Dubois (1625-1694), datés vers 1650-1670 et conservés à l'École nationale des Beaux-Arts (inv. O.61), en témoignent. De même que les modèles de Charles Lebrun (169-1690) (fig. 1). Ces modèles des années 1650-1670 dérivent de types antiques à sphinges ailées. Ils sont beaucoup plus chargés que le nôtre. On attribue à Jean I Bérain (1640-1711) quelques tables de Versailles dessinées en 1681 qui s'inscrivent encore dans cette mouvance (fig. 2). Elles ont été gravées et publiées par Pierre Lepautre dans un recueil qui a connu une longue fortune critique chez les ornemanistes, certainement de la modernité de leur piétement en volute qui annonce le type même de notre console. Quelques décennies plus tard, Nicolas Pineau (1684-1754) donne un nouvel élan à ces tables à termes ailés, dans l'esprit du style rocaille naissant. Il commence par reprendre la figure en terme sur un piétement à volute, orné d'acanthes, dont il a accentué la courbe par rapport aux modèles gravés par Lepautre (fig. 3). Il poursuit ses recherches dans le sens d'une meilleure articulation du piétement et de la ceinture droite de sorte que, dans une seconde version publiée par Mariette en 1727, la tête de la figure ailée se superpose à l'angle de la console (fig. 4). De délicats sabots terminent, comme sur notre modèle, les pieds en volute. Fils de Jean-Baptiste Pineau, sculpteur ordinaire du roi, Nicolas allait se former à l'architecture et à l'ornement auprès des plus grands artistes de son temps, les architectes Jules Hardouin-Mansart et Germain Boffrand, le sculpteur Antoine Coysevoix ou l'orfèvre Thomas Germain. Il fut l'un des envoyés du roi à Saint-Pétersbourg en 1716, pour y exporter le grand style Versaillais. Premier sculpteur du Czar, Nicolas Pineau a bénéficié d'une grande notoriété en Europe. Ses dessins, qui circulent et se diffusent par l'intermédiaire de gravures, sont bien connus du milieu parisien dès avant son retour en 1727 comme en témoigne le recueil déjà cité de Nouveaux desseins de pieds de tables et de vases et consoles de sculptures en bois, inventés par le sieur Pineau, sculpteur, publié la même année par Mariette. Les créations de Nicolas Pineau, tributaires de l'art de Jean I Bérain, laisse penser qu'il connaissait voire utilisait le Livre des Tables gravé par Lepautre. Dans ce recueil, plusieurs modèles de tables présentent des mascarons en cartouche comparables au nôtre. Sur l'une, c'est un masque d'Apollon (fig. 5) ; sur une autre, un masque féminin aux nattes nouées sur le menton. Selon Calin Demetrescu, il pourrait s'agir d'une représentation de Méduse. Ce motif a connu un certain succès. On le retrouve ainsi sur la grande console murale de la fondation Gandur pour l'Art avec, comme sur la nôtre, des yeux en amande très étirés (fig. 6). Au début du XVIIIe siècle, le goût pour ces tables et consoles associant un cartouche à mascaron avec un piétement en volute orné de termes ailés s'affirme. Rares sont cependant celles qui manifestent une telle maîtrise dans le jeu des contrastes entre courbes et contre-courbes, pleins et vides, bois doré et ma

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